La croissance du PIB réel devrait tout de même atteindre les 9 %
TORONTO, le 30 juin /CNW/ - Bien que la croissance du PIB réel de la Chine devrait ralentir en 2011, ce seront les mesures d'austérité adoptées en Occident et non une dégringolade de la production chinoise qui pèseront le plus l'an prochain sur l'économie mondiale, selon un nouveau rapport publié par Marchés mondiaux CIBC inc.
"Certains développements en Chine, vus comme signes avant-coureurs de difficultés futures, indiquent en fait que le public et les dirigeants ont de plus en plus confiance en l'état de l'économie", estime Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC. "Le resserrement de la politique monétaire ainsi que la décision prise récemment de laisser le yuan s'apprécier graduellement par rapport au dollar américain ne représentent tous deux que l'autre face des politiques mises en œuvre lorsque la récession mondiale a frappé la Chine, en 2008.
"L'économie chinoise n'est pas blindée contre les pressions mondiales. Elle ressentira l'an prochain les effets d'un ralentissement de la croissance mondiale, mais elle n'en sera pas la cause. Les nouvelles qui nous parviennent actuellement laissent entendre que la Chine rééquilibre son économie en adoptant des politiques de ralentissement tolérable de sa croissance, à 9 % en 2011 (alors qu'elle a affiché une croissance de 12 % au cours des quatre derniers trimestres). C'est en Occident, où les mesures d'austérité feront le plus mal, que se trouvent les vrais risques quant à la croissance."
Les auteurs du rapport ont découvert que le pic dans le nombre de prêts accordés l'an dernier en Chine faisait partie de mesures délibérées, adoptées par Beijing, d'encouragement de la mise en valeur immobilière et des investissements commerciaux puisque son important secteur de l'exportation était mis à mal par la chute de la demande mondiale. Ils notent aussi que le gouvernement chinois croit fermement que le pire de la récession mondiale, et de la crise financière qui l'a accompagnée, est chose du passé, et que les récentes augmentations des exigences relatives aux réserves obligatoires visent tout simplement à faire volte-face maintenant que le volume des échanges commerciaux mondiaux a enfin augmenté.
M. Shenfeld croit qu'une bonne part des inquiétudes exprimées au sujet de la santé de l'économie chinoise a été exagérée. "Les actifs chinois ont chuté au cours des derniers mois, mais nous avons vu une correction ayant atteint 50 % entre 2001 et 2005 sans que le PIB ne ralentisse de façon notable. De plus, se fondant sur le rendement passé, les investisseurs semblent être habitués à des revirements comme ceux-ci étant donné leur fréquence sur un marché qui ressemble de plus en plus à un casino."
Il croit aussi que les inquiétudes exprimées quant aux conséquences économiques de la surchauffe du marché immobilier sont exagérées. "Sur le plan national, il ne semble pas exister de preuve que la hausse du prix des maisons et des loyers exercerait une pression sur le pouvoir d'achat de la famille chinoise moyenne puisque les revenus ont suivi la courbe du coût des logements."
Beijing s'est attaqué à la spéculation dans le domaine immobilier en augmentant l'écart des hypothèques ainsi que le montant de l'acompte minimum et en éliminant les emprunts sur l'achat de plus de deux résidences. Ces mesures, visant la propriété, sont clairement négatives pour le secteur immobilier, mais devraient représenter un substitut à des augmentations plus musclées des taux, qui auraient des incidences beaucoup plus marquées sur la croissance.
"Même après l'adoption de ces politiques, la Chine prendra probablement d'autres mesures pour ralentir l'agrégat des prêts, ce qui renversera la tendance à la croissance débridée de la masse monétaire associée au relâchement de l'an dernier", ajoute M. Shenfeld. "Nous ne croyons pas cependant que Beijing resserrera ses politiques au point d'étouffer sa croissance économique future. D'une part, bien que l'inflation se soit accélérée, elle touche surtout le prix des aliments. D'autre part, une appréciation de 5 % du yuan protégerait en partie le pays contre une aggravation de l'inflation, étant donné tout particulièrement que la monnaie chinoise s'est fortement appréciée par rapport aux principales monnaies hors dollar américain, comme l'euro."
Un secteur économique qui, aux yeux de M. Shenfeld, ne devrait pas ralentir avant quelque temps est celui des infrastructures industrielles et des transports, à la croissance rapide. Il remarque que la croissance chinoise de près de 10 % n'est pas attribuable qu'aux seules exportations, mais bien aussi à la construction de centrales électriques, de voies ferrées et d'autres éléments nécessaires au bon fonctionnement d'une économie moderne. En effet, malgré une industrialisation extrêmement rapide au cours des 20 dernières années, la Chine a encore beaucoup de chemin à parcourir. Un exemple parmi d'autres : la consommation d'électricité par personne est encore à des années-lumière de ce qu'elle est dans les principales économies occidentales ou dans d'autres pays développés de l'est de l'Asie, comme la Corée du Sud. Le ratio capital-travail d'ensemble de la Chine ne représente aussi qu'une simple fraction de celui des économies plus développées.
Bien que certains salaires aient augmenté de 20 % cette année en Chine, on lit aussi dans le rapport que ces hausses suivent de près un gel du salaire minimum et des pressions à la baisse sur les salaires, subis pendant la récession mondiale. L'écart entre les salaires des travailleurs urbains et des travailleurs agricoles n'a jamais été aussi grand, ce qui incite fortement les travailleurs à s'installer sur la côte, au cœur du secteur de la fabrication. Cependant, cette augmentation graduelle des salaires au cours des dix dernières années a poussé les secteurs à spécialisation et à technologie réduites, comme ceux des jouets et des vêtements, vers des pays où les salaires sont encore plus bas, comme le Bangladesh et le Vietnam.
Les biens à haute technologie ont donc plus que doublé leur part dans les exportations chinoises depuis 1995. La Chine réoriente aussi son commerce sur le plan géographique et s'intéresse de plus en plus à d'autres économies de l'Asie.
"Avec l'augmentation des salaires et l'appréciation du yuan, la consommation des ménages et le secteur des services peuvent commencer à jouer un rôle plus important dans la croissance", ajoute M. Shenfeld. "Ce changement s'opère actuellement, et la croissance de la consommation se raffermit depuis 2008. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment la création d'un filet de sécurité sociale, lequel réduirait le besoin d'économiser comme mesure de précaution.
"Toutefois, les ménages chinois étant convaincus que leurs récents gains salariaux ne s'évanouiront pas, le comportement des consommateurs change déjà. Sur ce plan, la Chine s'engage sur un chemin déjà bien balisé par d'autres économies de l'est de l'Asie, comme le Japon, Taïwan et la Corée."
Vous pouvez consulter l'étude intégrale de Marchés mondiaux CIBC inc. à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/sjun10.pdf
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