TORONTO, le 29 avr. /CNW/ - Les marges de profit en hausse devraient continuer d'entraîner des bénéfices solides pour les sociétés canadiennes, indique un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
Selon le rapport, depuis le début des années 1990, les marges de profit de l'ensemble des entreprises canadiennes sont en hausse en raison de différentes tendances favorables. "La chute des taux d'intérêt et les creux records des ratios emprunts/capitaux propres ont réduit les coûts financiers, tandis que l'industrialisation des marchés émergents a entraîné une remontée soutenue des prix des marchandises", explique Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC.
"Cela a contribué à stimuler la marge d'exploitation en dépit du ralentissement causé par un huard plus ferme et de la concurrence plus vive dans certains secteurs clés. La remontée des marges depuis la dernière récession suit des changements visant la part de profit du PIB. Ce ratio est plus près des sommets antérieurs observés aux États-Unis qu'au Canada, ce qui laisse supposer que les sociétés canadiennes disposent peut-être dorénavant d'une plus grande marge de manœuvre pour accroître leurs profits."
Les marges de profit des sociétés faisant partie de l'indice composé TSX sont plus élevées en moyenne que celles de l'entreprise canadienne moyenne. Selon le rapport, coécrit par M. Shenfeld et par Peter Buchanan, économiste principal de la Banque CIBC, cet état de fait pourrait refléter les avantages, au chapitre des coûts en capital, de l'inscription et de l'inclusion à l'indice, de même que des écarts sectoriels et des facteurs d'échelle.
Ils notent cependant que les tendances à plus long terme généralement favorables masquent certaines différences notables à l'échelon sectoriel. Les marges des indices des matériaux et des technologies de l'information du TSX ont fortement grimpé au cours des récentes années, se relevant des effets négatifs de la récession sur les prix des ressources et les investissements dans ce secteur. Les marges de profit ont également augmenté dans les principaux groupes de produits de consommation, bien qu'elles soient généralement restées plus faibles dans le secteur des produits de première nécessité, qui englobe les principales chaînes de produits alimentaires et pharmaceutiques, que dans d'autres secteurs d'activité. Les derniers développements concurrentiels ont freiné la remontée du secteur des télécommunications, bien que les niveaux demeurent solides.
"Si on les considère purement en termes de bénéfice par dollar de recettes par rapport au rendement aux États-Unis, les meilleurs secteurs du TSX dans lesquels investir sont les mines, les fiducies de placement immobilier, les télécommunications sans fil et la santé", souligne M. Shenfeld. Il note que, mis à part la santé, les chiffres de tous ces secteurs suivent également une courbe ascendante.
"Considérées isolément, les forces du marché national semblent propices à une progression additionnelle au sein du TSX et à des marges bénéficiaires plus robustes au Canada. Les coûts des matériaux occupent souvent le premier plan, mais dans de nombreux secteurs, les travailleurs constituent un facteur plus déterminant, et les coûts unitaires de la main-d'œuvre semblent vouloir demeurer relativement restreints. Même en tenant compte des pénuries signalées dans certains métiers spécialisés comme les mines et l'extraction pétrolière, le ralentissement sur le marché du travail continue de limiter les salaires dans la plupart des autres secteurs. Favorisant les coûts unitaires, la productivité du travail semble également sur le point de remonter, en raison de dépenses d'équipement accrues. Après s'être montrées discrètes durant la récession, une proportion quasi record d'entreprises planifient d'accroître leurs investissements dans la machinerie et l'équipement, selon l'Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada."
Les facteurs hors des frontières du Canada offrent une image plus complexe en ce qui a trait au rendement futur. Les récents gains de marge des indices du TSX dans les secteurs des matériaux et du pétrole ont été largement liés à la hausse marquée des prix des marchandises à l'échelle mondiale plutôt qu'aux remontées des coûts unitaires des produits, et certains de ces prix pourraient se rapprocher d'un sommet à court terme. Les marchés émergents comme la Chine et l'Inde sont dans l'obligation d'adopter des politiques de rigueur afin de ralentir la croissance et d'endiguer l'inflation, ce qui pourrait entraîner un recul de la demande de ressources dans ces pays, du moins à court terme. Toutefois, tout fléchissement des prix des marchandises serait avantageux pour les industries primaires en aval et pour d'autres secteurs comme le transport aérien et le camionnage, où le carburant représente des coûts importants.
"Le taux de change constitue l'autre prix clé fixé par les forces du marché mondial qui aura des répercussions très différentes pour les marges canadiennes", affirme M. Shenfeld. "La remontée du dollar canadien peut comprimer le secteur manufacturier, mais elle aide à préserver les marges des détaillants, contrebalançant l'inflation sur le plan du coût des marchandises vendues en dollars US. Certains fournisseurs de services nationaux, comme les entreprises de télécommunications, profitent également d'économies de coût semblables pour certains intrants importés clés."
Il note toutefois que les exportateurs ayant des installations de production au Canada, y compris les sociétés industrielles, en ressentiront les effets sur leurs coûts libellés en dollars canadiens. Le chiffre d'affaires et le résultat net de multinationales canadiennes sembleront également nettement moins impressionnants une fois les flux de trésorerie de leurs filiales étrangères convertis en huards plus coûteux.
"Bien que nous nous attendions à ce que le dollar canadien redescende par rapport à ses sommets récents, un niveau de conversion de 1,02 $ US pendant six mois se traduirait quand même par une devise à 12 % au-dessus de son niveau par rapport au billet vert il y a tout juste un an", note M. Shenfeld.
Le rapport indique également que les prix du combustible à la hausse compriment davantage le pouvoir d'achat des consommateurs canadiens, déjà aux prises avec un niveau d'endettement élevé. Les dépenses liées au carburant sont relativement peu touchées par les variations de prix, une hausse de 10 % ne faisant reculer la demande que d'un demi-pour cent à peine à court terme. Ainsi, les prix plus élevés entraîneront probablement des réductions des dépenses dans d'autres secteurs.
"Tout cela donne beaucoup de matière à réflexion aux investisseurs en actions, alors qu'ils évaluent les tendances futures des bénéfices et des marges", constate M. Shenfeld. "Grâce à la vigueur du dollar canadien, les détaillants canadiens et les fournisseurs de services nationaux devraient pouvoir mieux s'en tirer que leurs homologues américains. Le huard élevé devrait aider à protéger les chaînes d'alimentation contre l'augmentation du prix des matières premières alimentaires."
"Les marges du secteur des ressources connaissent une forte embellie à court terme, mais les investisseurs en actions devraient peut-être tenir compte de la perspective de prix de vente quelque peu modérés, de même que de certaines tensions sur les coûts résultant de pénuries de main-d'œuvre sélectives dans ces secteurs porteurs. Cela dit, la tendance générale des marges demeure favorable, grâce aux charges salariales en légère baisse et à l'amélioration de la productivité, de même qu'aux prix en dollars canadiens à meilleur marché pour l'équipement importé et d'autres intrants. La croissance du chiffre d'affaires devrait également améliorer l'utilisation de la capacité et le rendement des coûts unitaires en répartissant les coûts fixes.
"Globalement, les attentes quant à des bénéfices solides futurs ne semblent pas exagérées."
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC inc. à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eiapr11.pdf.
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