Pour la première fois depuis 2002, le crédit à la consommation augmente plus lentement au Canada qu'aux États-Unis
TORONTO, le 9 mai 2012 /CNW/ - Les Canadiens mettent un frein à leurs dépenses : l'encours du crédit à la consommation n'a jamais progressé aussi lentement depuis le début des années 1990, selon un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC.
« Le rythme de croissance du crédit aux ménages tend clairement à ralentir, peu importe comment on s'y prend pour le mesurer », déclare Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la Banque CIBC et auteur du rapport. « La cadence à laquelle progresse cette forme de crédit ne justifiera plus d'intervention de la Banque du Canada, du moins pas dans un avenir rapproché.
« Les ménages méritent des félicitations, non seulement pour avoir freiné considérablement leur rythme d'endettement dans un contexte où les taux d'intérêt se situent dans un creux historique, mais aussi pour avoir géré leurs dettes de la façon la plus optimale à ce jour. »
Le rapport souligne qu'en glissement annuel, le total du crédit aux ménages (qui comprend le crédit à la consommation et la dette hypothécaire) affiche actuellement une hausse d'un peu plus de 5 %, son rythme le plus lent depuis 2002. Ce chiffre est principalement attribuable au ralentissement subit de la progression du crédit à la consommation. En mars 2012, l'encours total du crédit à la consommation enregistrait une hausse d'à peine 2,3 % en glissement annuel, le rythme le plus lent observé depuis le début des années 1990. En glissement trimestriel, le crédit à la consommation affiche maintenant une augmentation de seulement 0,1 %, la plus faible relevée depuis 1993.
« Ce ralentissement du crédit à la consommation est largement attribuable à la baisse de rendement du marché des cartes de crédit », ajoute M. Tal. « La croissance globale des soldes de cartes de crédit se trouve maintenant en territoire légèrement négatif, et les cartes classiques affichent en ce sens un rendement similaire à celui des cartes haut de gamme.
« L'important ralentissement des activités qui a eu lieu au cours de la récession était attribuable en partie à des facteurs liés à l'offre. En revanche, celui qu'on observe aujourd'hui repose plutôt sur des considérations liées à la demande ainsi que sur un déplacement actif des soldes des cartes de crédit vers les marges de crédit. Cette tendance est particulièrement évidente quand on jette un coup d'œil à l'évolution du portefeuille de marges de crédit : celui-ci a récemment enregistré une légère hausse qui, à notre avis, est essentiellement un transfert des soldes du portefeuille de cartes de crédit. »
Pour la première fois depuis 2002, le crédit à la consommation augmente plus lentement au Canada qu'aux États-Unis. De 2002 à 2008, période marquée par une forte utilisation des leviers d'endettement, le crédit à la consommation au Canada a progressé deux fois plus rapidement qu'aux États-Unis. Après la crise, le crédit à la consommation aux États-Unis est passé en territoire négatif, tandis qu'au Canada, il a poursuivi sa progression. Aujourd'hui, aux États-Unis, il augmente au même rythme qu'avant la récession, soit 4,3 % sur 12 mois.
Outre le ralentissement de la croissance de la dette à la consommation, le marché hypothécaire commence lui aussi à montrer certains signes précurseurs d'essoufflement. En mars 2012, l'encours des prêts hypothécaires affichait une hausse de 6,3 % en glissement annuel. Ce chiffre se situe bien en deçà du taux de croissance moyen de 7,3 % enregistré au cours des deux dernières années et du rythme que nous avons pu observer pendant la plus grande partie de la décennie.
Cette tendance au ralentissement saute aux yeux quand on examine le taux de croissance d'un mois à l'autre : à 0,5 %, celui-ci se situe à son niveau le plus bas depuis la fin 2001. Le léger ralentissement qu'ont récemment connu les activités du marché hypothécaire coïncide avec une réduction de la proportion d'arriérés hypothécaires, qui s'établissait à moins de 0,4 % en janvier 2012 après avoir avoisiné 0,5 % au cours de la récession.
Ce taux est deux fois plus élevé que celui qui prévalait avant la récession, mais reste tout de même nettement inférieur à celui enregistré lors de précédentes récessions. La proportion d'arriérés hypothécaires en Alberta est de loin la plus élevée au pays, situation qui traduit le fait qu'en moyenne, les propriétaires albertains sont plus jeunes et ont une situation moins stable. De plus, la période antérieure à la récession en Alberta a été marquée par une brusque hausse d'activité. Résultat : un important pourcentage de consommateurs a dépassé ses capacités financières.
« Il ne fait nul doute que le marché de l'habitation est en surchauffe », affirme M. Tal. « Notre seule interrogation réside dans la nature de l'ajustement qui sera fait. Or, en l'absence d'un facteur menant au déclenchement d'une correction brutale, nous n'entrevoyons pas cette probabilité dans un avenir proche. Nous prévoyons toujours un ralentissement graduel du marché et une diminution potentielle des prix d'environ 10 % d'ici un an ou deux.
« Parmi les autres facteurs qui favoriseront le ralentissement des activités du marché figurent les changements qui ont cours actuellement sur le marché hypothécaire : les organismes de réglementation examinent de plus près les pratiques de gestion du risque, et les évaluations exhaustives sont de plus en plus fréquentes dans le cadre du processus d'autorisation. Nous prévoyons par conséquent que la croissance sur douze mois du marché hypothécaire s'atténuera graduellement au cours de l'année et passera de 6,3 %, où elle se situe actuellement, à environ 5 %. »
Les paiements d'intérêts sur la dette équivalaient à 7,3 % du revenu disponible au quatrième trimestre de 2011, soit plus ou moins le même ratio que celui observé lors des deux trimestres précédents. Cette stabilité relative dissimule toutefois deux tendances divergentes : les paiements d'intérêts sur la dette hypothécaire sont à la baisse, tandis que ceux qui s'appliquent au crédit à la consommation sont à la hausse. Les intérêts versés sur les prêts hypothécaires, en pourcentage du revenu disponible, se situent à leur niveau le plus bas depuis la fin de l'année 2004.
Après avoir bondi au cours de la récession, le ratio d'endettement s'est stabilisé à 20 % au cours des deux dernières années. Compte tenu du ralentissement du crédit et de la hausse de la valeur des actifs observés au premier trimestre de l'année, nous nous attendons à ce que ce ratio s'améliore - ce qui devrait entraîner une hausse du ratio de la valeur nette au revenu disponible au premier trimestre. Notons qu'en moyenne, au Canada, les ménages portent actuellement un fardeau d'endettement de 102 000 $ par rapport à une position d'actif de plus de 350 000 $ (dont 250 000 $ découlent de l'immobilier).
« Quand on jette un regard sur l'avenir, il est difficile d'être démesurément emballé par les perspectives devant lesquelles se trouvent les consommateurs à court terme », indique M. Tal. « Compte tenu du fait que la croissance du crédit à la consommation connaît un ralentissement prononcé et que le marché de l'habitation se stabilise, voire perd du terrain, les consommateurs canadiens perdront deux des principaux piliers qui leur ont permis de se démarquer au cours du récent cycle économique. En outre, si la volatilité des statistiques sur le marché du travail continuera de semer la confusion chez les observateurs, la tendance est claire : le rythme de la création d'emplois au Canada ralentit. En 2011, 22 000 emplois étaient créés chaque mois au pays, alors que ce chiffre se situera probablement autour de 15 000 en 2012. De surcroît, les changements de la composition de l'emploi sont susceptibles d'avoir une incidence négative sur la qualité de l'emploi au pays et sur le pouvoir de négociation des travailleurs, situation qui pourrait limiter la progression des revenus de travail. »
Pour consulter le rapport de Marchés mondiaux CIBC en version intégrale, veuillez consulter le site suivant : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/hca-120509.pdf (en anglais).
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Benjamin Tal, économiste en chef adjoint, 416 956-3219, benjamin.tal@cibc.ca, ou Kevin Dove, chef, Communications externes, 416 980-8835, kevin.dove@cibc.com.