L'écart de rendement entre certaines provinces s'amenuise alors que la volatilité des marchés des ressources entraîne une révision à la baisse des perspectives de certaines régions, et qu'une amorce de reprise aux États-Unis en tire d'autres vers le haut
TORONTO, le 29 janv. 2013 /CNW/ - Les provinces canadiennes riches en ressources dont la prospérité a été freinée par les variations marquées des prix des marchandises devraient envisager de se couvrir contre ces risques, même si cela implique de renoncer à une partie des revenus inattendus générés quand les prix sont élevés, indique un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
« Au cours des dix dernières années, les ressources abondantes du Canada ont généreusement contribué aux coffres de l'État. Toutefois, ces ressources sont considérées comme cycliques pour une bonne raison, et les ministres des Finances provinciaux sont maintenant très conscients qu'un généreux surplus peut rapidement se transformer en un énorme déficit quand les prix des marchandises se replient », a expliqué Avery Shenfeld, économiste en chef, Banque CIBC, dans le plus récent rapport Regard sur l'économie. « En conséquence, les résultats fiscaux d'un exercice donné demeurent très incertains, et les ministres des Finances ont bien du mal à expliquer pourquoi ils ont continué à tenir les dépenses au plus juste alors que les revenus entraient à profusion, ou pourquoi un déficit s'est creusé soudainement et les a contraints à emprunter en cours de route. »
Les entreprises ont régulièrement recours à des stratégies pour protéger les revenus contre les variations défavorables des prix des marchandises, stratégies qui pourraient être appliquées de façon similaire par les gouvernements », estime M. Shenfeld. « Pour aplanir les difficultés et se donner le temps de s'ajuster aux nouveaux prix des marchandises, les producteurs et les acheteurs de ressources se tournent souvent vers les marchés des dérivés afin de se couvrir contre certains des risques de prix à court terme, renonçant à une partie des hausses en échange d'une protection contre des variations défavorables marquées. »
« Il n'y a aucune raison pour laquelle les provinces ne pourraient faire de même, en bloquant une fourchette de prix pour les résultats de l'exercice en cours, et en se donnant le temps de faire des ajustements aux politiques sur les recettes et les dépenses pour le plan financier de l'année suivante si la tendance se maintient en ce qui a trait aux prix des ressources. De telles mesures seraient clairement préférables à l'habitude de prendre le marché obligataire d'assaut en imposant des changements en matière d'emprunt durant l'année, ou de se dépêcher pour procéder au milieu de l'année à des ajustements des dépenses qui, autrement, ne seraient pas souhaitables pour d'autres motifs d'ordre public. »
La sensibilité des provinces aux variations des prix des marchandises peut être très prononcée, indique le rapport. Par exemple, une chute des prix du pétrole de 10 $ le baril fait baisser le bénéfice net de l'Alberta de 2,2 milliards de dollars et coûte près de 200 millions de dollars à la Saskatchewan ainsi qu'à Terre-Neuve. « Les provinces sont également exposées aux risques d'autres marchandises, notamment la potasse et le gaz naturel. Les revenus en cause n'englobent pas seulement les redevances directes, mais également les ventes de terrains et les impôts des sociétés qui sont corrélés à des marchandises sous-jacentes. »
M. Shenfeld note que les provinces ont d'ores et déjà recours à des stratégies de couverture pour gérer les taux d'intérêt et les risques de change en échangeant des dettes libellées en devises contre des obligations en dollars canadiens, en plus d'utiliser d'autres « instruments pour bloquer des taux favorables quand le marché est mûr ».
M. Shenfeld ajoute que les stratégies de couverture « ne sont pas des décisions nettement tranchées, pas plus qu'il n'existe d'approche universelle compte tenu de la diversité des expositions et des marchandises en cause. Cependant, les ministres des Finances devraient y songer sérieusement, tout comme les contribuables canadiens, de plus en plus à la merci de la volatilité des marchés des ressources. »
Ailleurs dans le rapport, l'économiste principal Warren Lovely et l'économiste Emanuella Enenajor notent que le « profil oblique » des prix de certaines marchandises principales pourrait freiner la prospérité au cours de l'année à venir dans l'Ouest canadien.
« De façon critique, la capacité limitée des pipelines nord-américains signifie que le pétrole brut albertain se négocie à des prix de plus en plus réduits par rapport aux prix de référence internationaux. Cette situation a entraîné un déclin marqué des redevances provinciales et, comme en témoignent certaines annonces récentes, met en péril les investissements et les perspectives liés aux champs de pétrole. »
Parallèlement aux contraintes liées aux pipelines, la récession européenne et le fléchissement des marchés émergents « ont atténué les perspectives de provinces riches en ressources jusqu'ici en plein essor, créant des tensions financières intenses dans des lieux inhabituels. »
Entretemps, alors que certaines régions sont aux prises avec des tensions découlant des marchandises, une reprise naissante aux États-Unis en tire d'autres vers le haut, d'où un amenuisement de l'écart de rendement entre les provinces.
« Aux États-Unis, la demande intérieure est sur une pente ascendante et, alors que nous amorçons 2013, ce sont les provinces les plus liées au marché de la consommation et du logement des États-Unis qui sont les mieux placées pour composer avec les facteurs économiques fondamentaux moins favorables au pays et l'incertitude à l'étranger », observent M. Lovely et Mme Enenajor, ajoutant que l'Ontario se trouve dans une situation particulièrement avantageuse.
« Les régions qui affichaient auparavant une croissance plus lente, comme l'Ontario, se rendent compte que leurs patrimoines économique et fiscal résistent mieux, et profitent grandement du redémarrage de l'économie américaine. Bien qu'ils ne permettent pas exactement de changer la donne entre les « riches » et les « pauvres » du Canada, les paramètres fiscaux et économiques des provinces n'ont jamais, depuis les dix dernières années, été mieux équilibrés. »
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eijan13.pdf
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SOURCE : Marchés Mondiaux CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, 416 594-7356, avery.shenfeld@cibc.ca; Emanuella Enenajor, économiste, 416 956-6527, emanuella.enenajor@cibc.ca; Warren Lovely, économiste principal, 416 594-8041, warren.lovely@cibc.com; ou Tom Wallis, Communications et affaires publiques, 416 980-4048, tom.wallis@cibc.ca.