L'absence de tensions salariales signifie que la Banque du Canada n'interviendra pas dans l'économie
TORONTO, le 7 nov. 2013 /CNW/ - Grâce aux changements démographiques et aux changements d'orientation, le taux de chômage du Canada peut descendre encore bien davantage avant que n'apparaissent des tensions salariales pouvant déclencher l'inflation, peut-on lire dans un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC inc.
Les auteurs du rapport soulignent que, par le passé, le taux de chômage actuel de 6,9 % aurait déjà généré des tensions sur les salaires et les prix. En 1999 et en 2005, la Banque du Canada avait déclaré que la marge de capacités excédentaires de l'économie s'était résorbée et que celle-ci avait atteint le niveau de plein emploi alors que le taux de chômage était, pour l'essentiel, exactement le même. Dans les deux cas, la Banque du Canada avait haussé ses taux d'intérêt afin de calmer la surchauffe de l'économie.
« Le plein emploi n'est cependant plus ce qu'il était, et c'est une bonne nouvelle pour les personnes à la recherche d'un emploi », souligne Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC. « Les changements démographiques et les changements d'orientation au cours des dernières années ont eu pour effet d'abaisser le taux de chômage non accélérationniste. La Banque du Canada pourra ainsi maintenir longtemps ses taux à un niveau peu élevé et continuer de prendre d'autres mesures favorisant l'amélioration du marché de l'emploi. »
M. Shenfeld souligne que, contrairement aux États-Unis, où des millions de travailleurs ont, par découragement, cessé de chercher du travail et ne sont plus comptabilisés parmi les chômeurs, ces travailleurs découragés exclus des statistiques relatives aux sans-emploi ne représentent que 0,1 % de la population canadienne en âge de travailler. Les personnes qui déclarent vouloir travailler, mais qui ne font pas partie de la population active, représentent le même 2 % qu'en 2005, lorsque l'écart de production était nul.
Bien que le taux d'activité ait chuté, M. Shenfeld ajoute que ce recul est uniquement dû à l'évolution démographique, une part plus importante de la population atteignant l'âge de la retraite. En conservant les mêmes proportions de la population pour chaque cohorte d'âge, le taux d'activité aurait augmenté depuis la récession, car à part les jeunes, le taux d'activité de chaque groupe démographique est demeuré stable ou a progressé.
« Le sous-emploi est, toutefois, un facteur ayant mené à une sous-évaluation des ressources inutilisées sur le marché du travail par rapport au cycle précédent », affirme M. Shenfeld. « Il y a près de 900 000 Canadiens qui occupent un emploi à temps partiel, non pas par choix, mais parce que c'est tout ce qu'ils ont trouvé. En proportion de la population active, il s'agit d'un demi-point de pourcentage de plus qu'en 2005, lorsque l'économie était en situation de plein emploi. Les heures supplémentaires qu'ils pourraient travailler permettent d'atténuer les tensions sur les salaires et les prix. »
Le taux de « chômage frictionnel » du Canada, soit la proportion de personnes sur le marché du travail qui, inévitablement et même dans une économie florissante, se retrouvent entre deux emplois ou sont à la recherche d'un premier emploi à un moment ou à un autre, contribue également à réduire le taux de chômage. Cette catégorie de chômeurs est en déclin, et leur nombre est déjà moins élevé qu'à certaines périodes de 1999 et de 2005 où l'écart de production était nul.
Les changements apportés aux politiques gouvernementales sont un facteur contribuant à la réduction du niveau de chômage frictionnel. « Les nouvelles règles d'immigration visent principalement à favoriser l'arrivée de nouveaux Canadiens ayant des compétences ciblées et une meilleure maîtrise de la langue », fait remarquer M. Shenfeld. « Les personnes sélectionnées en vertu du Programme des candidats des provinces, lequel met surtout l'accent sur les travailleurs prêts à occuper un emploi et qui ont déjà un emploi en poche au moment de franchir la frontière, représentent 13 % des nouveaux résidents permanents, alors qu'ils n'étaient que 2 % en 2005. »
En raison du resserrement des critères d'admissibilité à l'assurance-emploi, les Canadiens sont désormais obligés d'accepter un plus grand éventail d'offres d'emploi plutôt que de continuer à chercher un travail mieux rémunéré ou situé plus près de leur lieu de résidence. Les prestataires de l'assurance-emploi représentent maintenant 37 % des chômeurs au Canada, ce qui est moins que le taux de 51 % observé en 2009 et que le taux moyen de 47 % au cours des dix années ayant précédé la dernière récession.
M. Shenfeld soupçonne également que le recul de la syndicalisation constitue un facteur exerçant une modeste influence par la réduction du pouvoir de négociation des travailleurs, étant donné particulièrement que les travailleurs canadiens affrontent maintenant la concurrence des États américains ayant adopté des lois du « droit au travail ». M. Shenfeld souligne que cette situation pourrait réduire la hausse inflationniste des salaires, peu importe le taux de chômage.
« Tous ces éléments laissent entendre que le marché de l'emploi peut encore permettre d'autres réductions du taux de chômage avant que les tensions salariales ne menacent l'atteinte de l'objectif visé par la Banque du Canada, soit un taux d'accroissement de l'IPC de 2 %. Quand on prend également en compte certains autres facteurs exerçant une pression à la baisse sur l'IPC, il y a tout lieu de penser que la Banque du Canada évitera de hausser ses taux jusqu'au début de 2015. »
« À ce moment, nous prévoyons que le taux de chômage du Canada avoisinera 6,2 %, soit bien en deçà de ce qui constituait précédemment la zone de confort de la Banque du Canada. »
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/einov13.pdf.
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SOURCE Banque CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, 416 594-7356, avery.shenfeld@cibc.ca; ou Kevin Dove, Communications et affaires publiques, 416 980-8835, kevin.dove@cibc.com