Le fléchissement de la confiance et l'augmentation des taux d'intérêt ralentiront vraisemblablement les dépenses - une hausse de 1 % se traduirait par 18 milliards de dollars de frais d'intérêt en plus
TORONTO, le 5 août 2014 /CNW/ - Les consommateurs canadiens ont continué de soutenir l'économie en 2014, mais au lieu d'emprunter pour financer leurs dépenses, ils ont été de plus en plus nombreux à puiser dans leur tirelire et à utiliser leur épargne, selon un nouveau rapport publié par Marchés mondiaux CIBC.
« Bien que le premier trimestre n'ait pas été exceptionnel, les dépenses nominales des ménages ont tout de même progressé de 4,2 pour cent d'une année sur l'autre », a affirmé Avery Shenfeld, économiste en chef, Banque CIBC. « En outre, son apport à la croissance du PIB demeure conforme à sa moyenne à long terme, et une accélération est prévue pour le deuxième trimestre. Jusqu'à tout récemment, ce ne sont pas les emprunts, mais la forte confiance et son incidence sur l'épargne qui ont dynamisé l'économie. »
Le rapport, rédigé par Benjamin Tal et Nick Exarhos, indique que la faiblesse des gains au chapitre du revenu disponible a été contrebalancée par d'importantes hausses de la valeur nette attribuables à des marchés boursiers solides et à la flambée du prix des maisons. Par conséquent, les Canadiens ont stabilisé leur taux d'épargne à environ 5 pour cent au cours du premier trimestre de l'exercice, soit un recul par rapport aux niveaux enregistrés au début de 2013.
« Les actifs au bilan des consommateurs ayant permis aux Canadiens de réduire la part de leur budget consacrée à l'épargne, davantage d'argent était temporairement disponible pour les dépenses », a expliqué M. Shenfeld. « La chute des taux relatifs à l'endettement préexistant —qui a réduit à la fois la motivation d'épargner et les frais de service de la dette — a aussi aidé les consommateurs. En fait, en tant que part du revenu disponible, les paiements d'intérêts ont reculé d'un plein point de pourcentage au cours de l'année et se sont fixés à un creux record de 7,1 pour cent au premier trimestre. Si les paiements et le taux d'épargne étaient demeurés stables depuis le premier trimestre de 2013, la consommation ménagère se serait chiffrée à environ un point de pourcentage de moins. »
Globalement, le crédit aux ménages augmente actuellement d'un peu plus de 4 pour cent sur douze mois, soit le taux de croissance du crédit le plus bas depuis 1995 et le rythme de progression du crédit le plus lent constaté dans une période non récessionnaire au cours des 40 dernières années.
- Les prêts non hypothécaires qui financent habituellement la consommation courante n'augmentent que de 2 pour cent en glissement annuel, et accusent un recul par rapport au revenu depuis les deux dernières années;
- Les soldes de cartes de crédit et les marges de crédit n'ont pas augmenté du tout au cours de l'année passée;
- Les prêts directs ont progressé de 7,5 pour cent sur douze mois, ce qui est principalement attribuable à un bond de près de 18 pour cent des prêts-automobiles. Les prêts-automobiles ne représentent qu'une petite partie du crédit à la consommation total et sont souvent offerts à des taux inférieurs à ceux que les consommateurs peuvent obtenir ailleurs et pour d'autres types d'achats, ce qui constitue une certaine forme de subvention par les fabricants et les concessionnaires.
L'emploi étant à la hausse aux États-Unis, M. Shenfeld s'attend à ce que la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, commence à augmenter les taux à compter de mars 2015. Il prévoit que la Réserve fédérale fera passer le taux de près de zéro à 1,25 pour cent au cours des quatre trimestres subséquents.
Cependant, il croit que la progression des taux d'intérêt sera tempérée, compte tenu du fait que la croissance du PIB n'a pas emboîté le pas aux gains en matière d'emploi. Son analyse suggère un taux des fonds américains en milieu de cycle de 2 ½ pour cent seulement. Il ne s'agira pas d'un sommet (à un point ultérieur, la Réserve fédérale adoptera une approche de resserrement), mais il s'agit tout de même d'un taux inférieur à celui de 3 ¾ pour cent prévu par la Réserve fédérale à moyen terme.
L'écart entre la croissance des emplois et celle du PIB aux États-Unis a également des répercussions pour la Banque du Canada. « Une hausse plus précoce que prévu par les États-Unis permettrait à la Banque d'augmenter les taux ici sans craindre une vigueur excessive du dollar canadien », ajoute-t-il.
« Cependant, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a clairement indiqué ne pas voir l'économie sur la voie d'une expansion durable, justifiant un resserrement monétaire, tant que les exportations réelles et les dépenses en immobilisations connexes ne supplantent pas les dépenses des ménages en tant que moteur de la croissance. C'est la croissance aux États-Unis, non l'emploi, qui stimule les activités d'exportation canadiennes. La tendance de gains plus modestes du PIB américain contrebalance une accélération rapide des volumes d'exportation canadiens, lesquels pourraient avoir besoin d'un huard encore plus faible.
« Par conséquent, nous ne voyons aucune raison de devancer le moment de la première hausse de taux de la Banque du Canada, ce qui pourrait être six mois plus tard que la Réserve fédérale. Le patient Poloz résistera plus longtemps que la gentille Janet au concours de celui qui clignera des yeux le premier. »
Le rapport souligne que si la hausse des taux peut ralentir ou même réduire les prix des habitations, elle aura vraisemblablement une incidence plus grande sur les dépenses des ménages. Le taux d'accession à la propriété au Canada a atteint près de 70 pour cent et les dépenses liées à l'habitation représentent presque 30 pour cent du panier de consommation. Même si l'endettement des ménages - incluant la variété des prêts hypothécaires - s'est accru plus lentement ces derniers temps, il représente encore une part de plus d'une fois et demie du revenu disponible.
« L'application de nos prévisions pour les taux canadiens aux rapports historiques qu'ils ont eus avec les frais d'intérêt suggère que les Canadiens seront bientôt confrontés au paiement de 100 points de base de plus en intérêt sur la dette actuelle d'ici le premier trimestre de 2016 », affirme M. Shenfeld. « Ces taux plus élevés signifieraient près de 18 milliards de dollars de plus en frais d'intérêt aux niveaux actuels de l'endettement - plus de 1,5 pour cent de la consommation actuelle des ménages. »
En conséquence, M. Shenfeld déclare que les consommateurs ne pourront pas continuer à stimuler l'économie canadienne beaucoup plus longtemps. La croissance du PIB des États-Unis et le secteur des entreprises canadiennes devront prendre les rênes.
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eiaug14.pdf.
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SOURCE Marchés Mondiaux CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, Marchés mondiaux CIBC inc., 416 594-7356, avery.shenfeld@cibc.ca; Kevin Dove, chef, Communications externes, 416 980-8835, kevin.dove@cibc.ca