Une autre baisse des taux d'intérêt est peu susceptible d'améliorer la situation
TORONTO, le 5 mars 2015 /CNW/ - La qualité de l'emploi au Canada a atteint un creux record et rien ne laisse présager que la situation s'améliorera dans un avenir proche, selon le plus récent indice de qualité de l'emploi de la Banque CIBC.
L'indice, qui mesure la qualité de l'emploi du point de vue de la rémunération, révèle une diminution globale de la qualité de l'emploi au Canada, que celle-ci est plus structurelle que cyclique et qu'il est peu probable qu'une politique monétaire puisse la freiner.
« La Banque du Canada continue de nous prévenir que la situation n'est pas aussi encourageante que le laisse croire le taux de chômage et, en fait, selon sa nouvelle mesure améliorée de l'activité sur le marché du travail, les ressources inutilisées demeurent nombreuses », affirme Benjamin Tal, économiste en chef adjoint et créateur de l'indice de qualité de l'emploi de la Banque CIBC.
« À bien des égards, la Banque a raison. Notre indice de qualité de l'emploi vient d'atteindre un creux historique, ce qui suggère que la composition de l'emploi n'est pas optimale. En examinant de près la trajectoire des sous-composantes de notre indice, toutefois, nous sommes portés à croire que la solution préconisée par la Banque pour stimuler le marché de l'emploi, soit de continuer d'abaisser les taux, pourrait ne pas être salutaire. »
L'indice de qualité de l'emploi au Canada de la Banque CIBC mesure trois éléments clés :
- la répartition des emplois à temps partiel par rapport aux emplois à temps plein;
- les travailleurs autonomes par rapport aux travailleurs salariés;
- et le classement des salaires des emplois rémunérés à temps plein dans plus de 100 groupes sectoriels.
M. Tal souligne que le nombre d'emplois à temps partiel a augmenté beaucoup plus rapidement que celui des emplois à temps plein depuis la fin des années 1980, ce qui est souvent perçu comme le plus important point de repère pour mesurer la qualité de l'emploi.
« De bien des façons, le dommage causé à l'emploi à temps plein par chaque récession a été permanent, car la création d'emplois ne s'est jamais faite assez rapidement durant la reprise pour regagner le terrain perdu. La bonne nouvelle, c'est que le nombre d'emplois à temps plein s'est accru deux fois plus rapidement que le nombre d'emplois à temps partiel au cours de la dernière année, ce qui a partiellement contrebalancé le récent fléchissement de notre indice. »
L'indice met en lumière une tendance similaire en ce qui concerne les travailleurs salariés et les travailleurs autonomes canadiens. En effet, le nombre de travailleurs autonomes affiche une progression bien plus marquée depuis 25 ans et, l'an dernier, ce nombre a augmenté quatre fois plus rapidement que le nombre de travailleurs salariés. L'indice considère le travail autonome comme étant de moindre qualité, simplement parce que sa rémunération est, en moyenne, moins élevée que celle d'un emploi salarié.
Le troisième facteur principal mesuré par l'indice est le classement des salaires des emplois rémunérés à temps plein dans plus de 100 groupes sectoriels. Encore une fois, les chiffres ne sont pas encourageants.
« Si les emplois rémunérés à temps plein sont, en moyenne, des emplois de meilleure qualité que les emplois à temps partiel et ceux des travailleurs autonomes, tous les emplois rémunérés à temps plein ne sont pas équivalents », précise M. Tal. « Les emplois à temps plein mal rémunérés ont augmenté plus rapidement que les emplois moyennement bien rémunérés qui, à leur tour, ont connu une croissance plus forte que les emplois très bien rémunérés.
« Sur le plan de la création d'emplois, l'écart s'est creusé entre les emplois mal rémunérés et ceux très bien rémunérés durant l'année qui s'est terminée en janvier 2015, le nombre d'emplois à temps plein mal rémunérés augmentant deux fois plus rapidement que le nombre d'emplois très bien rémunérés. Ces trajectoires sont en grande partie responsables du fléchissement de notre indice de qualité de l'emploi au cours des deux dernières décennies. »
Le rapport indique qu'un recul de la qualité de l'emploi a déjà été enregistré en Alberta, où elle a chuté de 3 % durant l'année qui a pris fin en décembre 2014. Des baisses semblables ont été constatées en Saskatchewan et au Manitoba, alors que la qualité de l'emploi a diminué de 4 % en Ontario. Une tendance contraire a été observée en Colombie-Britannique, dans le Canada atlantique et au Québec, où la qualité de l'emploi s'est améliorée.
« Selon les tendances à long terme de nos composantes servant à mesurer la qualité de l'emploi, la diminution de celle-ci au Canada est plus structurelle que cyclique », ajoute M. Tal. « En fait, la lente progression des emplois très bien rémunérés pourrait être le résultat d'un déséquilibre grandissant sur le marché du travail. Et le signal que nous recevons du mécanisme de fixation des salaires confirme cette observation. Au cours de la dernière décennie, les salaires des secteurs très rémunérateurs ont augmenté presque deux fois plus vite que les salaires des secteurs peu rémunérateurs.
« En d'autres mots, le segment du marché du travail qui connaît la plus forte croissance est également celui qui a le plus faible pouvoir de négociation. Une telle situation a pour effet d'affaiblir le lien qui existe entre le rendement du marché du travail et la hausse globale des salaires. De faibles taux d'intérêt ou des taux encore plus bas contribueront peu à réduire cet écart. »
Variation de l'indice de qualité de l'emploi selon la province
T4-2013 vs T4-2014
Province | Variation (%) |
||||
Colombie-Britannique | 6,59 | ||||
Canada atlantique | 2,75 | ||||
Québec | 1,99 | ||||
Alberta | (3,02) | ||||
Manitoba / Saskatchewan | (3,17) | ||||
Ontario | (4,01) |
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à l'adresse : http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eqi_20150305.pdf
Le secteur des services bancaires de gros de la Banque CIBC offre une gamme complète de produits de crédit intégré et de marchés des capitaux, de services bancaires d'investissement et de services de banque d'affaires à des clients des marchés financiers clés en Amérique du Nord et partout dans le monde. Nous offrons des solutions innovatrices en matière de capital et des services-conseils à un large éventail de secteurs, de même que des recherches de qualité supérieure aux grandes entreprises, aux gouvernements et aux clients institutionnels que nous servons.
SOURCE Marchés Mondiaux CIBC
Benjamin Tal, économiste en chef adjoint, Marchés mondiaux CIBC inc., 416 956-3698, benjamin.tal@cibc.ca, ou Kevin Dove, Communications et affaires publiques, 416 980-8835, kevin.dove@cibc.com